Cet article a été initialement publié dans Causes communes, le journal du Parti socialiste Ville de Genève, d’avril 2024. Vers l’article original
Au sein des Pâquis, quartier emblématique de Genève, l’association des habitant-es, SURVAP, qui compte environ 200 membres, s’active sur un périmètre large que délimitent le lac au sud, la gare au nord et d’est en ouest, l’avenue de France et la rue de Chantepoulet. Un périmètre au sein duquel vit une population fortement diversifiée. Dans les trois écoles, 73 nationalités sont représentées. Causes Communes a rencontré Julien Vascotto, membre du comité de SURVAP, pour saisir les enjeux du quartier.
Aux Pâquis, le tissu associatif est aussi dense que la population. De nombreuses organisations travaillent ensemble au sein du collectif Bien vivre aux Pâquis (BVP), qui permet de partager les thématiques entre acteur-rices du quartier pour engager des démarches communes.
SURVAP, pour sa part, s’intéresse notamment à la problématique cruciale du logement. Les pratiques de construction, telles que les surélévations, et commerciales, comme les locations (parfois d’immeubles entiers) sur des plateformes du type Airbnb, contribuent à la gentrification du quartier, à la diminution du nombre de logements disponibles pour les habitant-es et à l’augmentation des loyers. Face à cela, l’association, membre active de l’ASLOCA, propose un fascicule pour informer les locataires de leurs droits. Elle observe aussi les pratiques des promoteurs et les autorisations délivrées, puis fait remonter les situations problématiques aux autorités. Ce rôle de lanceur d’alerte ne donne hélas pas toujours les suites attendues, les autorités n’étant parfois pas suffisamment outillées ou la qualité de partie à la procédure pouvant être refusée à l’association, l’empêchant dès lors de suivre efficacement les évolutions du dossier.
L’autre axe fort auquel se consacre SURVAP est l’aménagement urbain, en tant qu’outil pour améliorer la vie de quartier et lutter contre les îlots de chaleur. Ceci inclut la végétalisation, l’apaisement du trafic et la désimperméabilisation des sols. En matière de réchauffement climatique, les inégalités sociales sont criantes : les Pâquis, quartier populaire et le plus densément peuplé, ne compte que 5% de canopée, alors que Champel, par exemple, en compte 30. SURVAP continue de se battre pour la fermeture de certaines rues au trafic motorisé. L’association est à l’initiative du projet de la Croix-Verte, un réseau d’axes traversant le quartier favorisant les mobilités douces et la végétalisation. Mais lorsque la piétonnisation se limite à fermer l’accès aux voitures sans changer l’aspect du lieu, les réflexes changent difficilement. Les piétons continuent à marcher sur les trottoirs et n’utilisent que peu l’espace libéré par les voitures. Un véritable aménagement de
ces rues, qui permettrait aux habitant-es d’investir ces espaces (installation de bancs,
jeux pour enfants, désimperméabilisation du sol, etc.), fait cruellement défaut. L’association appelle de ses vœux une démarche plus participative, en facilitant les projets portés par les usager-ères du quartier, qu’il s’agisse des habitant-es comme des commerçant-es, qui ont un rôle important à jouer dans l’animation de ces espaces.
SURVAP lance et s’associe régulièrement à des actions symboliques fortes, comme le
dégrappage de places de parking avec actif-trafiC en juin 2022. Globalement, l’association attend un dialogue plus fluide avec les autorités. Parfois auditionnées par les commissions du Conseil municipal et du Grand Conseil, les associations sont aussi prêtes à être sollicitées au niveau des services. Or si certains fonctionnaires sont à l’écoute, les contacts souffrent souvent d’un manque
de répondant. Les rendez-vous qui doivent être pris plusieurs mois à l’avance ne facilitent pas la régularité des échanges. Néanmoins, les derniers contacts avec ses interlocuteur-rices de la Ville de Genève donnent bon espoir à SURVAP de voir ses demandes d’aménagement avancer.
Les associations parviennent aussi à mobiliser les habitant-es. Elles ont ainsi permis de placer des bacs de plantation à la rue de la Navigation, fermée à la circulation, afin de rendre l’espace plus agréable devant l’école. De telles actions ont valeur d’appel aux autorités: elles pointent les besoins et donnent des pistes pour des aménagements pérennes, attendus par la population, afin de renforcer la cohésion sociale au sein du quartier.
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